Pour débuter, nous souhaitions revenir sur les caractéristiques techniques des sites web des musées français. En effet, ces caractéristiques impactent fortement tant l’utilisabilité du service que son référencement (par exemple). Elles impactent également les résultats des analyses sur la responsabilité numérique que nous avons menées. Nous présentons donc dans cette première partie les spécificités techniques et d’usage des musées français.

Un musée, un site web ?

Méthodologie

Liste des indicateurs analysés :

• URL du site web.

Liste des outils utilisés :

• Aucun

Dans le cadre de cette étude, nous avons analysé les sites des 93 musées qui ont accueilli en 2018 plus de 100.000 visiteurs. Sur ces 93 musées, tous disposent d’un site web institutionnel.

Cependant, tous les musées ne disposent pas d’un site de même nature. Nous identifions quatre situations :

• Les musées qui possèdent leur propre site web, accessible via un nom de domaine propre (54,8%) ;
• Les musées qui possèdent leur propre site web, accessible via un sous-domaine de leur collectivité ou tutelle (21,5%) ;
• Les musées qui partagent leur site avec d’autres institutions culturelles (18,3%) ;
• Les musées qui disposent d’une page, ou d’une section, sur le site de leur collectivité ou tutelle (5,4%).

Parmi les institutions étudiées, plusieurs partagent des URL et sites web communs. Elles sont comptabilisés de manière distincte par le ministère de la Culture, mais nous avons regroupé l’analyse de leur site de la façon suivante :

• L’institution du Muséum National d’Histoire Naturelle possède le site web www.mnhn.fr. L’institution est composée de plusieurs musées qui se trouvent dans notre top 100 : la Galerie de l’Evolution et la Galerie d'Études Comparées ;
• L’institution du Palais de la Porte Dorée possède les sites web www.palais-portedoree.fr et www.histoire-immigration.fr. Elle est composée de deux musées et d’un monument : le Musée de National de l’Histoire de l’Immigration, l’Aquarium Tropical et le Palais en tant que tel ;
• Les deux sites du Musée-Historial de la Grande Guerre, à Péronne et Meaux, sont regroupés à la même URL www.museedelagrandeguerre.eu.

Pour le reste de cette étude, notre analyse porte donc sur 89 sites web, issus de 93 institutions.

Une architecture technique dominée par Drupal

Méthodologie

Liste des indicateurs analysés :

• CMS utilisé ;

Liste des outils utilisés :

• Aucun

Nous avons cherché à savoir sur quel système (CMS¹) les sites des musées sont réalisés. Au plan de l’architecture technique, sur 89 sites étudiés, 39 sont construits à partir du CMS Drupal (soit 44%). À ce titre, le CMS Drupal est de loin le plus utilisé pour la production de sites de musée, alors même qu’il ne représente qu’entre 2% et 5% de l’ensemble des sites web.

Sur le marché des musées, Drupal se situe donc bien avant Wordpress, qui n’arrive ici que second avec 13,5% des sites, loin des 25% à 30% de parts de marché global dont bénéficie le CMS le plus utilisé au monde.

Cette importance de Drupal par rapport à Wordpress est probablement liée au fait que Drupal est souvent plébiscité par les sites institutionnels. En ce sens, les chiffres présentés ne constitueront pas une surprise pour les connaisseurs du numérique muséal.

À la troisième place, nous retrouvons - avec surprise cette fois-ci - le CMS TYPO3, qui équipe un certain nombre de grandes institutions (le Centre Pompidou, le musée d’Orsay ou le Quai Branly). Son usage n’est donc pas anecdotique, puisqu’il est quasiment aussi présent que Wordpress, et surtout, est utilisé par des sites d’institutions de premier plan.

Enfin, d’autres CMS sont utilisés à la marge tels que Spip, Joomla, ou même l’éditeur de site en ligne Wix.com. Mais en ce qui concerne leur utilisation, nos données sont probablement à compléter puisque pour une part significative des sites (21%), nous n’avons pas été en mesure d’identifier le CMS utilisé².

Nous constatons ainsi que les musées français utilisent des sites largement générés en PHP et semblent peu perméables aux frameworks et CMS Javascript (React, Angular…). Cela a, de fait, un impact en ce qui concerne l’analyse d’éco-conception que nous proposons plus loin dans cette étude. En effet, notre analyse se base uniquement sur les données envoyées sur l’ordinateur de l’internaute, et ne prend pas en compte les traitements opérés sur le serveur. Ces CMS utilisant PHP comme technologie réalisent plus d’opérations côté serveur que des CMS JavaScript. Ce différentiel ne peut pas être pris en compte dans notre étude.

Un archipel d’hébergeurs

Côté hébergement des sites, commençons par noter que 19 musées (22%) ne précisent pas où est hébergé leur site, alors même qu’il s’agit d’une obligation légale³.

13 institutions (14,5%) choisissent ensuite un hébergement local, auprès de la DSI de leur institution de tutelle. Il n’est cependant souvent pas précisé s’il s’agit de l’hébergement administratif ou de l’hébergement physique qui est pris en charge par cette DSI.

Enfin, en ce qui concerne les hébergeurs plus classiques, la répartition semble correspondre à l’état du marché français en la matière, dominé par la société OVH.

Des sites web largement adaptés à la navigation mobile

Méthodologie

Liste des indicateurs analysés :

• Le site du musée est-il adapté à la navigation depuis un smartphone ?

Liste des outils utilisés :

• Aucun

Depuis quelques années déjà, la navigation web depuis un téléphone mobile est aussi importante que la navigation web depuis un ordinateur. En 2019, on comptait ainsi 5,1 milliards de mobinautes contre 4,5 milliards d'internautes, et près de 80 % du temps passé sur les réseaux sociaux se fait via un téléphone mobile⁴.

Ignorer le public sur mobile n’est donc plus possible. Les musées français l’ont semble-t-il bien compris puisque 82 musées (92%) disposent d’une version mobile de leur site web. Seuls 7 sites ne sont toujours pas adaptés à une navigation mobile, dont de façon très surprenante celui du musée du Louvre, pourtant musée le plus fréquenté du monde.

Billetterie en ligne

Méthodologie

Liste des indicateurs analysés :

• Le musée dispose-t-il d’une section billetterie sur son site ?

Liste des outils utilisés :

• Aucun

La fonctionnalité d’achat ou de réservation d’un billet en ligne s’est largement répandue sur les sites des musées français ces dernières années. Pour les institutions les plus fréquentées, l’outil est utilisé pour réguler l’accès aux expositions et collections les plus demandées. Pour les autres, nous ne sommes pas en mesure de savoir dans quelle proportion la fonctionnalité est utilisée.

Néanmoins, elle est amenée à se développer, voire à devenir incontournable dans le contexte de crise sanitaire que nous connaissons puisqu’elle permet aux institutions d’anticiper le nombre de personnes qui seront présentes sur les lieux.

Parmi les 89 sites web analysés, 52 sites (58,4%) possédent une billetterie en ligne.

Nous avons réalisé cette analyse en janvier et février 2021, alors que les musées étaient toujours fermés dans le contexte de la crise du COVID. Tous avaient alors désactivé leur fonctionnalité de billetterie. Nous n’avons donc pas été en mesure de réaliser des analyses plus poussées.