Des collections en ligne peu ouvertes

Méthodologie

Liste des indicateurs analysés :

  • Le musée dispose-t-il d’un site dédié à ses collections en ligne ?
  • URL d’accès aux collections en ligne ;
  • Outil / service utilisé pour l’affiche des collections en ligne ;
  • Les collections sont-elles en open data ?
  • Les images et photographies sont-elles libres de droit ?
  • Les collections utilisent-elles le système ARK ?
  • Les collections utilisent-elles le framework IIIF ?
  • Combien d’objets sont-ils mis en ligne ?

Liste des outils utilisés :

  • Aucun

La mise en ligne des collections par les musées français est un enjeu majeur de l’open data culturel. Rappelons ainsi que depuis la loi 2016 pour la République numérique1, toutes les administrations françaises doivent proposer leurs données en open data, ce qui se traduit notamment pour les musées par le fait de mettre à disposition du public un accès à leurs collections. Si l’usage de ces collections en ligne ne concerne que des catégories spécifiques d’utilisateurs2, elle participe cependant bien à l’ouverture de l’administration.

Et Joconde ?

Dans le contexte de cette étude, nous nous sommes intéressés aux sections Collections en ligne des musées. Nous montrons dans les paragraphes suivants que les données sur les collections en ligne restent peu réutilisables. Nous n’ignorons pas qu’il existe des silos de données culturels où l’on peut trouver les collections des musées français et qui proposent parfois de l’open data. Nous pensons ici aux plateformes comme POP, Portail Collections, Europeana ou feu Joconde. Néanmoins, ces plateformes n’ont pas un rôle de publication des collections mais un rôle d’agrégateur : elles ne proposent que rarement des données riches et complètes, et excluent par exemple les bibliographies ou les expositions. La mise en ligne des données culturelles sur ces agrégateurs ne se substitue donc pas à leur mise en ligne sur le site du musée.

Tout d’abord, 38 sites (43%) ne disposent pas d’une section Collections en ligne. C’est par exemple le cas du musée Guimet, qui ne propose qu’une présentation générale de ses collections illustrée par quelques chefs d'œuvre. En parallèle, le site renvoie parfois vers quelques bases de données spécialisées de ses collections, mais elles ne semblent pas exhaustives.

Ensuite, parmi les 57% de musées publiant leurs collections, et pour pasticher Callot dans Au service de la France3, “il y a collections en ligne, et collections en ligne”. En effet, nous constatons que la mise en ligne des collections est très disparate.

Parmi les 57% de sites disposant d’une section Collections en ligne, nous distinguons trois choix de présentation :

  • Tout d’abord, les sites qui intègrent leurs collections en ligne directement à leur site principal (c’est par exemple le cas du château des ducs de Bretagne4) ;
  • Ensuite, les musées qui disposent d’un site annexe dédié à la présentation des collections (par exemple le musée du Louvre)5 ;
  • Enfin, les collectivités qui proposent un site unifié pour les collections en ligne de l’ensemble de leurs musées (par exemple la mairie de Paris)6.
Graphique - Distribution des sites par typologie de collections en ligne
Distribution des sites par typologie de collections en ligne

En ce qui concerne spécifiquement les sites annexes, la plupart des musées semble utiliser une extension de leur logiciel interne de gestion des collections, ce qui transparaît dans la liste des prestataires de service.

Graphique - Distribution des sites par prestataire de service
Distribution des sites par prestataire de service

Enfin, sur les 50 sites de musées mettant en ligne leur collection, 40 affichent le nombre d’items. Il y a plus de 2.894.000 objets mis en ligne sur les sites de ces 40 musées.

Partant de ces informations, nous avons cherché à mesurer l’ouverture des données culturelles sur les sites des musées français en comptabilisant les sites proposant des fonctionnalités facilitant l’accès et la réutilisation des données.

Ainsi, nous avons référencé :

Nous faisons le constat que les données culturelles en France restent largement inaccessibles, puisque :

  • Seuls deux sites proposent des ARK7 ;
  • Un seul site propose une API d’accès aux données8 ;
  • Un seul site place ses images sous licence libre9 ;
  • Aucun musée français n’utilise la norme IIIF pour ses images.

Nous constatons qu’à l’exception du musée de l’Armée, qui propose des ARK, seuls les sites de collectivités (celles de Paris et de Besançon) mettent en place des conditions de réutilisation des données. L’ouverture des données semble donc venir des institutions de tutelle, plus que des institutions culturelles elles-mêmes.

  1. Voir https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000033202746/
  2. Souvent des professionnels des musées, des étudiants ou des chercheurs
  3. “Il y a Allemands et Allemands. Allemands de l’Ouest et Allemands de l’Est. Allemands amis et Allemands ennemis. Mais tous ces gens-là sont allemands. Qu’ils soient allemands… ou allemands...”, https://www.youtube.com/watch?v=gg_bolSHYHQ
  4. Mais cela rend souvent la recherche d'œuvres complexe, car les résultats sont mélangés au reste des contenus du site.
  5. Nous opérons cette distinction en nous basant sur l’URL d’accès. Si l’accès aux collections bénéficie d’un nom de domaine ou d’un sous-domaine distinct, nous considérons qu’il s’agit d’un site annexe.
  6. Nous excluons ici les sites ayant vocation à être des agrégateurs (Joconde, POP, base Collections, Europeana...)
  7. Le musée de l’Armée et le musée des Beaux-Arts de Besançon. Précisons que le musée et théâtre romain de Lugdunum donne également accès aux ARK de sa base de gestion des collections, mais pas directement.
  8. Le site des collections de la ville de Paris. Précisons que certains sites permettent de télécharger les données tabulées, mais uniquement à la notice, ce qui a peu d’utilité.
  9. Le site des collections de la ville de Paris.

Version gDoc de l'étude - Mis à jour le 2 mars 2021

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